
Pourquoi le responsable de programme, chef de projet que je suis va passer une certification sur l’Analyse Métier et en l’occurrence PMI-PBA® : Professional in Business Analysis de PMI (Project Management Institute) ?
1. Mon parcours
Si j’ai fait de l’Analyse métier au début de ma carrière (à l’époque nous utilisions MERISE !), que ce soit en ayant le titre de chef de projet ou consultant et si mon poste actuel au sein de HSBC Private Bank Swiss SA est « Senior Business Analyste », la plupart de ma carrière dans la banque privée suisse se déroule à des postes de Responsable de Programmes, Chef de Projets, Responsable de Département IT…
Et, enfin et surtout, en tant que Responsable Européen des Releases : je précise « surtout » car ce poste occupé pendant deux ans m’a permis de constater de nombreux errements quant à la gestion des exigences, qu’elles soient fonctionnelles ou non fonctionnelles. Et cela coûte cher et ajoute des risques quand nous devons « sortir à la dernière minute » des livrables non acceptables par le client car mal ou pas complètement analysés.
Tout le monde connait cette illustration sarcastique du produit livré ne correspondant ni aux attentes du client ni à la réalité de ces besoins. Mais c’est si vrai ! Ce serait une des raisons pour laquelle l’Analyse Métier s’est professionnalisée.
C’est aussi une des raisons de l’émergence de l’agilité.
A ce propos, je me rappelle une anecdote de mon début de carrière, en 1988. Je travaillais sur la conception d’une nouvelle plateforme bancaire à Genève en utilisant MERISE au sein d’un gros projet : jeune analyste métier, je rédigeais des Spécifications Fonctionnelles Détaillées en étant contraint par les Spécifications Fonctionnelles Générales analysées précédemment par d’autres.
En discutant avec le métier je me suis aperçu que l’étape précédente avait été mal analysée et j’ai donc adapté mon analyse détaillée au besoin du métier. Je fus recadré par la Direction du Projet qui me demanda de respecter les contraintes de l’étape précédente même si cela allait à l’encontre de la satisfaction des besoins du métier ! Ma frustration est encore vivace !
2. Mon expérience de Release Manager Européen
Lors de ces deux années mon rôle fut de manager les livraisons coordonnées des différents projets livrés par les différents domaines du développement d’une banque privée genevoise dans un contexte européen.
Les livraisons étaient d’abord effectuées avec une fréquence trimestrielle, donc avec de nombreux livrables provenant de différentes équipes mais ayant des interdépendances.
Nous avons travaillé avec les acteurs de la gestion du changement, à savoir le métier, les architectes, la sécurité, le test et la production afin que l’entrée en release soit validée par ces acteurs pour éviter de découvrir quelques semaines avant la livraison des dysfonctionnements tels que :
- le périmètre de la livraison est bien déterminé : fonctionnellement mais aussi géographiquement. Cela semble couler de source, mais pour des projets de petite taille (moins de 200 jours homme), j’ai constaté un manque de rigueur fatal à toute mise en production.
- les architectes ont bien validé la solution.
- la sécurité a été impliquée et que ses recommandations ont bien été mises en œuvre.
- le support et la production ait pu donner leurs exigences non fonctionnelles à respecter avant toute mise en place.
Mais cela ne nous a pas empêché d’avoir à gérer des « sorties de release » suite à des analyses métier déficientes avec diverses origines :
- Difficultés de l’analyse métier « à distance » par nos équipes offshores
- Oubli d’interdépendances fonctionnelles ou géographiques
- Normes de sécurité non respectées
- Rejet par des utilisateurs non préparés (en termes de ressources et de formation)
- Manque de stratégie globale de test sur des livrables différents mais interdépendants
3. L’Analyse Métier réussie, facteur clé de la réussite des projets
Une des raisons majeures des échecs dans les projets est la mauvaise définition des besoins :
Selon Carnegie, 25%-40% du budget des projets est utilisé par refaire à nouveau ce qui a déjà été fait … et que 70% – 85% de ces coûts de « re travail » sont dus à des erreurs dans la collecte des exigences métiers.
- Selon le Gartner, 60 à 80% des échecs de projets peuvent être directement attribué à une mauvaise analyse des besoins ou exigences.
Il est donc important que le Responsable de Programmes, Chef de Projets, comprenne et maîtrise ce domaine, même s’il est sous-traité à des équipes d’Analystes Métier, afin de diriger au mieux cette activité primordiale de la gestion de projet et d’en gérer les risques.
4. Pourquoi je vais passer cette certification PMI-PBA®
Tout d’abord pour les mêmes motivations qui m’ont fait passer d’autres certifications :
Travailler sur des supports de cours en anglais et donc progresser dans ce domaine,
- Réfléchir sur des concepts et outils que j’utilise au quotidien mais dont je peux utiliser l’amélioration,
- Acquérir de nouveaux outils,
- Rencontrer des personnes ayant les mêmes centre d’intérêts toutefois dans des domaines différents afin d’enrichir ma créativité.
Mais aussi :
- Assurer une meilleure initiation des projets / programmes
- Éviter d’avoir à retravailler des livrables du projet
- Savoir déjouer les pièges de l’Analyse Métier à distance lorsqu’elle est déléguée à des partenaires éloignés comme en Inde, Chine ou Pologne, mais aussi quand une équipe centrale collecte des besoins pour différentes entités locales. Mon expérience m’a montré que les « Analyses Métier à distance » sont pleines de pièges à déjouer : autant anticiper !
- Posséder une double compétence de plus en plus prisée pour des projets petits à moyens ou la réduction des coûts implique de savoir tout faire
- S’assurer dès le début du projet que la collecte des exigences métier est intégrée dans un mécanisme de documentation des tests d’acceptation
- Pour introduire de l’agilité, car le client a désormais le droit de changer d’avis … mais aussi car l’environnement incertain et instable requiert cette flexibilité accrue

Et enfin parce que l’analyse métier réussie est un facteur clé de succès du projet !
Je vous donne rendez-vous dans quelques semaines une fois la certification passée pour vous faire part de la rétrospective de mon expérience !

Ping : les articles les plus lus sur DantotsuPM en Avril 2016 | DantotsuPM.com
Pourquoi avez-vous choisi la certification PMI-PBA, plutôt qu’une certification de l’IIBA (CBAP vu le nombre de vos années d’expérience) ?
J’aimeJ’aime
Bonjour Pierre-Alain, je vais poser la question à Marc. Je présume que la réponse est que Marc est déjà certifié PMP et PgMP par le PMI et qu’il s’agissait donc d’un choix naturel que d’opter pour le PBA pour ses compétence en Business Analysis. Michel.
J’aimeJ’aime