La carotte et le bâton ont toujours été les principaux leviers de « motivation ».
Que ce soit dans un cadre professionnel – si tu atteins tel objectif, tu auras tel bonus – ou dans un cadre privé – réussis ton année et nous t’offrirons cette console que tu souhaites tant, mais si tu échoues, tu seras privé de sortie jusqu’à tes 25 ans !
Pourtant une autre motivation, bien plus puissante, existe et permet non seulement d’atteindre de bien meilleurs résultats mais également de maintenir cette motivation sur le long terme !
Les 2 motivations qui existent depuis la nuit des temps (ou presque)
Au tout début de l’humanité, la motivation de nos ancêtres était simple : survivre.
Cette motivation n’était, il est vrai, pas très subtil mais très utile ! Et a très bien fonctionné pendant un certain temps.
Puis, à mesure que les êtres humains formaient des sociétés plus complexes, le système a évolué et s’est transformé afin de dépasser la définition de « l’être humain comme une suite de pulsions biologiques », c’est la naissance d’une nouvelle source de motivation, basée sur la recherche des récompenses et l’évitement des punitions. Il s’agit donc d’un système de motivation extrinsèque – l’individu va chercher sa motivation à l’extérieur de lui.

Taylor disait du travail « qu’il est principalement constitué de tâches simples et pas particulièrement intéressantes. La seule façon d’obtenir des gens qu’ils les exécutent est de les inciter correctement et de les surveiller attentivement ».
Or, les emplois ont considérablement évolué depuis cette époque.
Cependant, c’est encore ce système de motivation qui prévaut dans la plupart des entreprises…

Curieux… Étonnant me direz-vous…
D’autant plus que si l’être humain est réellement motivé par la carotte et le bâton, comment expliquer le succès de Wikipedia face à Microsoft Encarta ?
Comment une entreprise surpuissante avec des dizaines de milliers d’employés rémunérés peut-elle perdre le combat face à des personnes travaillant bénévolement pour construire une ressource gratuite ?
De nombreux chercheurs comme Harry F. Harlow, Edward Deci, Bruno S. Frey ont mis en lumière, à l’aide de de nombreuses expériences, un troisième type de motivation : la motivation intrinsèque.
Vers la prise de conscience d’une nouvelle motivation
Il était une fois un petit garçon du nom de Tom Sawyer. Sa tante Polly lui demande de blanchir la palissade à la chaux. Le petit Tom n’a, vous vous en doutez, aucune envie de s’adonner à cette besogne ennuyeuse… Son ami Ben passe par là et commence à se moquer de Tom et de son triste sort. Vient alors une idée à Tom. Il répond à son ami qu’à ses yeux, blanchir la palissade à la chaux est un privilège. Ben lui demande s’il peut l’aider, Tom refuse à plusieurs reprises. Tom est tellement convainquant que bientôt Ben et tous ses amis offrent des cadeaux à Tom pour avoir le privilège de se joindre à lui pour blanchir la palissade.
Mark Twain tire une règle essentielle de motivation de cette histoire : « Travailler c’est faire tout ce qui nous est imposé et s’amuser, exactement l’inverse ».
Une récompense peut donc transformer une tâche intéressante en besogne ennuyeuse et d’un jeu, elle peut faire un labeur : c’est l’« effet Sawyer ».
La motivation intrinsèque s’appuie sur une tendance inhérente pour un individu à rechercher la nouveauté et les défis, à développer et exercer ses capacités, à explorer et apprendre. À cela s’ajoute notre besoin inné de diriger notre propre vie, d’apprendre et de créer de nouvelles choses et de mieux réussir.
Pour revenir à notre exemple de Wikipedia, il n’est pas le seul à s’être emparé du marché selon ce modèle. Firefox, Linux, Apache, Freemind, OpenOffice, entre autres, sont d’autres exemples d’open source.
Mais pourquoi et comment ces modèles peuvent-ils venir concurrencer de puissantes entreprises internationales ?
Comprendre la motivation intrinsèque par l’open source

Karim Lakhani, professeur de management au MIT et Bob Wolf, consultant du Boston Consulting Group ainsi que 3 économistes allemands qui ont étudié des projets d’open source dans le monde entier, ont enquêté auprès de développeurs de logiciels open source afin de savoir ce qui les incitait à participer à de tels projets.
Les principales motivations étaient le sentiment d’être créatif, de collaborer avec d’autres personnes, l’état d’implication et de réussite optimale (appelée flow), le plaisir de relever le défi de résoudre un problème logiciel donné et le désir d’offrir un cadeau à la communauté des programmeurs.
Bien entendu, toute personne travaillant sur un logiciel open source le fait à titre gratuit mais cela n’exclut pas d’obtenir certaines récompenses extrinsèques comme se faire une réputation, aiguiser ses compétences et/ou accroître sa valeur sur le marché du travail.
Mais pour nombre d’entre eux, c’est la motivation intrinsèque qui guide leur choix de participer à ce type de projet.

Si vous gérez une équipe, réfléchissez donc à deux fois avant de proposer des récompenses afin de ne pas être victime de l’effet Sawyer et voyez plutôt d’abord si votre équipe n’est pas déjà et « simplement » motivée par le challenge que représente le projet et le plaisir de travailler ensemble dans un but commun !
Si le sujet de la motivation vous intéresse, je vous encourage à lire le fabuleux livre de Daniel H. Pink « la vérité sur ce qui nous motive »
Émilie Lessire, Business coach et architecte digital

Émilie accompagne les dirigeants de PME et leurs équipes à devenir LA référence incontournable de leur marché grâce, entre autres, au digital. Au travers de ses accompagnements mais également de formations et de conférences, elle encourage et motive les dirigeants et leurs employés afin d’obtenir de meilleurs résultats dans la joie et la bonne humeur.
Relisez ou découvrez ces billets sur la motivation déjà parus sur ce blog