Les idées sont immatérielles et souvent floues mais la « raison d’être » du projet ne souffrira pas d’approximation et les dépenses seront très réelles.
Nous devons être capable d’exprimer très clairement et succinctement les objectifs et bénéfices attendus du projet. Cette clarté de vision et d’articulation des éléments principaux du projet est fondamentale :
- Livrables : produits et services du projet ?
- La clientèle visée ?
- Environnement compétitif?
- Moyens et horizon de temps ?
Voici 8 pistes de réflexion pour éviter de confondre bonne idée et projet…
1. Adéquation avec la stratégie de l’entreprise
Une idée non alignée ou sans point d’accroche fort sur la stratégie de la société sera plus difficile à vendre et à transformer en projet.
Il manquera un cadre contextuel auquel le management puisse se référer pour comprendre le positionnement et la pertinence de cette nouvelle idée puis prendre la décision de lancer un projet.
Et pourtant… les idées en rupture et innovantes, celles qui font ou défont le succès des entreprises, rencontrent souvent ce problème et elles doivent le surmonter pour passer de la discussion théorique d’une idée au mode projet.
2. Objectifs concrets et quantifiés
Pour parler projet, il nous faudra définir des objectifs SMART comme le disent nos amis anglophones.
Donc: Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, Temporellement définis.
3. Clients et Sponsor
Avons-nous déjà identifiés des clients fortement intéressés par ce nouveau produit ou service ? Qui sont-ils ? Seraient-ils prêts à en cofinancer le développement si nous leur en offrions la possibilité ? Quels sponsors vont vraiment s’impliquer personnellement pour supporter et promouvoir ce projet? Quels avantages vont-ils en tirer ?
4. Retour sur investissement / Coûts estimés versus bénéfices attendus
L’idée peut être séduisante et présenter un fort potentiel de chiffre d’affaire, de réductions de coûts ou d’accroissement de productivité… car, l’idée ne coûte pas grand-chose.
Le projet par contre a un coût très significatif et sa première évaluation doit être aussi réaliste que possible pour partir sur de bonnes bases. Rien ne sert de faire miroiter des bénéfices faramineux ou minimiser les investissements pour les obtenir. Cette première ébauche du retour sur investissement (ROI) réel escompté, doit nous permettre d’éviter de dépenser trop de temps à définir un projet mort-né. Soit parce qu’il aurait un trop faible ou trop lointain retour sur investissement. Quand les bénéfices obtenus couvriront-ils tous les frais engagés ? La date de livraison est-elle suffisamment proche pour capturer l’intérêt de l’organisation. Il faut nécessairement choisir la meilleure des bonnes idées car on ne peut toutes les mener en parallèle.
5. Définition du périmètre

L’idée ne demande qu’à évoluer, s’enrichir, s’étendre… Même avec les méthodes Agiles, le projet devra être le plus cadré possible pour bien en définir les livrables, délais, coûts, qualité. Cela ne l’empêchera pas d’évoluer avec le temps et des versions ultérieures du produit ou service si intéressantes. Ces versions ultérieures seront de nouveaux projets avec leurs livrables, débuts et fins bien définis. Donc, bien identifier le contenu critique du projet, le « minimum Viable Product / mVP » sans lequel il serait dépouillé de la plus grande partie de sa valeur. Concentrons-nous sur ce qui fera le succès du produit ou service, pas les fioritures ou bonnes idées complémentaires sans réelle valeur ajoutée.
6. Nécessité opérationnelle, stratégique et compétitive
Quel serait l’impact de ne pas lancer ce projet ? Pour mieux défendre son idée et en faire un projet, il est toujours intéressant de calculer les impacts de ne pas faire ce projet. Ces risques peuvent comprendre : une perte de parts de marché, de compétitivité, stagner sur un plateau de productivité qui ne permet pas d’accroître les ventes, ne pas être capable de maintenir ses marges alors que la conjoncture l’exige, louper une transformation technologique majeure…
Si possible, nous devons le chiffrer simplement: « chaque jour qui passe sans cette amélioration de productivité nous coûte €€€€€ » ou bien, « sans ce nouveau service ou produit à proposer, le concurrent X va continuer à nous prendre Y% de parts de marché chaque mois »…
7. Conditions de fin : quand le projet sera-t-il fini / « Done » ?
Le projet, à la différence d’une idée, devrait avoir une date de début et une date de fin très claires. Pour s’assurer de cette clarté, il n’est pas inutile de se poser quelques questions basiques avant de le lancer:
- Quand le projet sera-t-il terminé ?
- Comment le saurons-nous ?
- Quelles mesures simples et indiscutables permettront de le déterminer ?
Ce peut-être la mise en production d’un nouveau système, la signature d’acceptation du produit et encaissement des revenus, la fin du pilote de validation, le dernier site connecté lors du déploiement d’un réseau…
8. Conditions d’arrêt avant la fin
Bien que nous ne partions jamais dans l’intention de rater le projet, cela peut arriver. Et, si cela doit se produire, il vaut mieux nous en apercevoir le plus tôt possible. Donc, réfléchissons avant le lancement aux conditions qui pourraient justifier un arrêt du projet avant son terme. Il est important de clarifier ces conditions.
Elles peuvent-être liées au projet lui-même: retards, dépassements budgétaires, problèmes de qualité, problèmes humains… ou bien plus extérieures : un produit concurrent ou un nouvel entrant qui modifie significativement le marché (Apple et son smartphone pour les fabricants de téléphones portables de l’époque dont plusieurs on disparu), un contexte légal ou économique qui évolue et rend notre nouveau service moins attractif…
Paragraphe 5 : Définir le périmètre.
Le contenu critique du projet sans lequel il serait dépouillé de la plus grande partie de sa valeur est le MMF (Minimum Marketable Feature) et non le MVP.
Le MVP est une expérimentation d’une hypothèse (sous forme de produit minimal) destinée à valider la réponse à la question « Construisons-nous le produit attendu par nos clients ? ». Le MVP permet d’apprendre d’une partie de ses futurs clients ce qu’il en est de la viabilité d’une idée de produit. Le MVP a été introduit par Ries dans son livre Lean Startup comme technique, pour une startup, d’examen de son marché potentiel (c’est la dernière étape de la boucle Bâtir-Mesurer-Apprendre).
Le MMF est la part minimale du produit qu’un client attend : c’est la plus petite unité de fonctionnalité ayant une valeur commerciale intrinsèque. Elle apporte de la valeur au client, une véritable solution de qualité pour laquelle il est prêt à payer
Le MVP permet de déterminer la MMF à réaliser.
J’aimeJ’aime
En effet Laurent, je pense qu’il faut regarder le MVP dans le cadre de développements en mode Agile avec de multiples livraisons dont chacune apportera un peu plus de fonctionnalités utilisables par le business. Pas nécessairement dans le sens de développement d’un produit fini commercialisable sans autres améliorations.
J’aimeJ’aime
Relire https://dantotsupm.com/2013/09/23/pensons-produit-minimum-viable-mvp/
J’aimeJ’aime