Un risque « positif » est une opportunité et demande une approche différenciée !
N’en déplaise à certains, je vais mettre les pieds dans le plat : Je ne suis pas du tout convaincu de l’approche de beaucoup de méthodes consistant à dire qu’il existe des risques dit « positifs » et que le chef de projet devrait les manager comme il le fait des risques « négatifs ».
Appelons un chat un chat !
Dans la langue française, il me semble clair que le risque est avant tout négatif, à commencer par sa définition et racine étymologique.
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/risque/69557
nom masculin, (italien risco, du latin populaire resecum, ce qui coupe)
- Possibilité, probabilité d’un fait, d’un événement considéré comme un mal ou un dommage : Les risques de guerre augmentent.
- Danger, inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé : Courir le risque d’un échec. Un pilote qui prend trop de risques.
- Fait de s’engager dans une action qui pourrait apporter un avantage, mais qui comporte l’éventualité d’un danger : Avoir le goût du risque.
- Préjudice, sinistre éventuel que les compagnies d’assurance garantissent moyennant le paiement d’une prime.

Seul le troisième point suggérerait éventuellement que le risque puisse avoir des retombées bénéfiques (avoir le goût du risque) mais avec des dangers…
Si vous êtes comme moi, quand quelqu’un parle de management des risques dans votre projet, vous pensez en premier lieu aux dangers qui menacent votre projet. Ceci ne signifie pas que vous êtes en mode réactif vis-à-vis de ces risques. Bien au contraire, vous anticipez, identifiez les risques, les évaluez, les priorisez, prévoyez des plans de gestion de ces risques… mais avec l’idée première de vous en prémunir.
Mais n’est-il pas difficile de travailler sur les opportunités en partant de la terminologie « négative » associée aux risques (plan de contingence, de contournement, déflexion, assurance…).
Changeons notre focus et ajustons nos pratiques en conséquence

Identifions l’opportunité, évaluons sa probabilité, ses bénéfices et coûts associés (délais, investissements additionnels, compétences à acquérir…). Puis, penchons-nous sur comment développer des stratégies et décider de façon réfléchie à comment nous lui répondrons.
Les questions traditionnelles :
- Quel retour sur investissement ?
- Que le business risquera-t-il à exploiter cette opportunité ?
- Si nous intégrons des changements au projet pour exploiter cette opportunité, quel sera l’impact sur l’équipe ?
- Quels coûts, délais ou ressources additionnels seront nécessaires ?
Reprenons tout en commençant par une rétro-analyse
Questions différentes.
Réflexion différente.
Opportunités différentes.
En nous projetant dans l’avenir, nous pouvons discerner des opportunités à valeur positive et estimer un certain coût pour les exploiter. Nous devenons tout de suite plus positifs et proactifs.
Les questions deviennent :
-
« Image courtesy of pakorn / FreeDigitalPhotos.net » Pourrions-nous trouver des façons de livrer le produit plus tôt avec de meilleures ressources ?
- Avec un peu de budget additionnel, pourrions-nous livrer une bien meilleure solution ?
- En ajustant certains besoins spécifiques exprimés, une solution plus novatrice et flexible pourrait-elle être construite ?
- Comment maximiser la probabilité que cette opportunité se matérialise ?
- Quels nouveaux bénéfices non encore envisagés nos livrables pourraient-ils apporter ?
- Si nous pouvions commercialiser le produit quelques semaines plus tôt, cela donnerait-il un avantage concurrentiel certain à votre client ? Cela permettrait-il aux équipes d’exploiter une nouvelle fenêtre d’opportunité ou une période commerciale plus favorable ?
- Un prototype regroupant les fonctionnalités les plus critiques, le Minimum Viable Product (MVP), et livré des mois avant la version finale fournirait-il une base plus solide pour les prochaines versions et de substantiels bénéfices bien plus tôt dans le projet?
- Si nous réussissions à intégrer certaines ressources du client dans notre équipe, pourrions-nous réduire le coût final ?
- Avons-nous les meilleures compétences dans l’équipe projet ? Avec de meilleurs professionnels, pourrions-nous offrir plus d’innovation, ou gagner du temps, ou bien accroître la qualité ?
- Avons-nous les bons partenaires ? D’autres partenaires nous apporteraient-ils des opportunités et bénéfices différents ou supplémentaires ?
- …
Tout comme dans le management des risques, les étapes sont simples et reproductibles
En fait, nous pouvons réduire l’approche de management des opportunités à cinq étapes simples et aisément répétables.
1. Identification de l’opportunité
Avons-nous un processus en place pour activement chercher et identifier les opportunités ? Ce pourraient-être des techniques comme le brainstorming, le benchmarking, les avis d’experts… Les enregistrons-nous consciencieusement pour les revisiter en cours de projet ?
2. Quantification de l’opportunité
Avons-nous un processus d’évaluation, d’estimation des bénéfices potentiels? Et avons-nous un budget prévisionnel pour exploiter des opportunités comme nous avons le budget de contingence pour pallier aux risques ?
3. Exploitation de l’opportunité
Comment saurons-nous que l’opportunité s’approche et va se matérialiser assez tôt pour en tirer profit ? Avons-nous prévu des actions qui garantiront que nous ne manquerons pas l’opportunité ?
4. Maximisation et/ou Partage de l’opportunité
Avons-nous identifié des partenaires avec lesquels nous tirerons ensemble le meilleur parti de cette opportunité ? Ou peut-être des collègues ou partenaires qui rebondiront sur cette opportunité si ne nous pouvons le faire nous-mêmes ?
5. Augmentation de la probabilité ou de l’impact
Pouvons-nous contrôler ou influencer les déclencheurs et les causes racines de l’opportunité qui augmentent la probabilité qu’elle se produise ? Pouvons-nous créer les conditions qui maximiseront l’impact de cette opportunité si elle se présente ?
Qu’en pensez-vous ? Suis-je à côté de la cible ?

Pensez à votre propre business ou projet.
Pouvez-vous adopter une telle approche de management des opportunités ?
Bien sûr !
- Pensez différemment.
- Posez de nouvelles questions.
- Challengez notre approche actuelle.
- Regardez vers l’avenir de façon positive et exploiter toutes les opportunités de maximiser les bénéfices du projet.
Effectivement, il y a eu un glissement sémantique dans le monde du projet. Ce que « nous » appelons un risque (traduction litérale du « risk » Anglo-Saxon) est appelé en « bon » Français, un aléa, c’est à dire quelque chose dont la probabilité est inférieure à 1 et dont les consequences doivent être maîtrisées.
Avec cette traduction, on retouve la possibilité de consequences positives comme negatives, ce qui maintient l’importance pour le chef de projet d’avoir un plan de gestion de ces aléas. Afin de limiter les consequences négatives, et de maximiser les consequences positives.
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Bonjour Michel et Stéphane
je partage avec vous ce billet que j’ai écrit en 2007 :
https://www.projecttimes.com/positive-risk-an-idea-whose-time-should-never-have-come.html
Même message. En fait toute cette histoire de «risque positif» vient d’un livre de David Hillson (le Risk Doctor http://www.risk-doctor.com/about ). La partie du PMBoK qui traite des risques positifs copie quasiment verbatim le texte du livre de Hillson. C’est malheureux que les gens aient oublié qu’un dictionaire ça existe!
Cordialement de Montréal
Claude
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