Une norme a été créée pour enfin mettre de l’ordre dans les soft skills.
La nouvelle norme de l’AFNOR sur les soft skills, AFNOR XP X50-766, a été rendue publique début 2025Son objectif est d’encadrer la définition et l’utilisation des compétences comportementales.
- Pourquoi une telle norme ?
- Quels changements concrets ?
- Quel futur ?
Premier apport fondamental : Une réappropriation culturelle du concept.
Le terme anglo-saxon « soft skills » est flou, surtout pour des non-anglophones. Désormais, on parle d’habiletés socio-cognitives, plus technique et surtout plus précis.
Il s’agit de compétences qui mobilisent nos capacités à apprendre, à réfléchir, à interagir avec les autres : Bref, le cœur de notre intelligence relationnelle et adaptative.
Face à la confusion ambiante car une entreprise ne parle pas forcément de la même « créativité » qu’un cabinet de recrutement ou un éditeur de tests, cette norme répond à un besoin urgent de langage commun.
Toutefois, ce socle commun n’aurait pas pu voir le jour sans une large mobilisation. La richesse de la norme repose sur la diversité des regards qui l’ont façonnée : organismes de formation, recruteurs, chercheurs en sciences sociales, coachs, consultants… En tout, plus d’une trentaine d’acteurs ont été impliqués dans les groupes de travail, avec un noyau dur d’une dizaine d’experts engagés sur la durée.
Mais créer une norme dans le champ des sciences sociales est un exercice délicat. À l’inverse des normes techniques, il n’existe pas de vérité universelle en matière de soft skills. Il s’agit ici de trouver un consensus, d’aligner des visions multiples sans les réduire, et de produire un cadre qui reste ouvert à l’expérimentation. C’est pourquoi l’AFNOR a opté pour une norme expérimentale, construite dans un esprit d’écoute, de nuance et d’intelligence collective.
Quels changements concrets va apporter cette norme ?
Il ne faut pas attendre de la nouvelle norme AFNOR sur les soft skills qu’elle bouleverse immédiatement les pratiques des Ressources Humaines (RH). Ce n’est ni un test clé en main, ni un produit miracle. C’est bien plus fondamental que cela : Un socle commun, une brique invisible, mais essentielle pour construire des outils, des parcours et des stratégies RH cohérentes.
La norme propose un langage partagé à tous les acteurs concernés : Éditeurs de solutions d’évaluation, recruteurs, responsables formation, consultants, etc. Grâce à elle, un test développé par un prestataire parlera enfin le même langage qu’une entreprise qui cherche à recruter sur ces compétences, ou qu’un organisme qui conçoit une formation dédiée.
C’est justement pour cela qu’il s’agit d’une norme expérimentale, valable jusqu’en 2028. Ce laps de temps permettra aux acteurs de s’en emparer, de tester sa pertinence sur le terrain, et de faire remonter leurs besoins ou les irritants.
Et sur le terrain, l’impact peut être très concret. Avec cette norme, les silos tombent, et les fonctions RH peuvent mieux travailler ensemble. Un langage unifié, c’est aussi une meilleure fluidité entre le recrutement, le développement et l’évaluation des compétences.

Allons-nous abandonner le mot « soft skills » au profit des « habiletés socio-cognitives » ?
Pas forcément. Ce n’est pas le terme qui compte, mais le sens partagé qu’on lui donne. Si les professionnels préfèrent conserver l’appellation anglaise par habitude, aucun problème. L’important, c’est que derrière les mots, tout le monde parle enfin de la même chose.
Une norme pour enfin mettre de l’ordre dans les soft skills ? – Jeremy Lamri répond en vidéo
Jeremy Lamri, coordinateur du Groupe de travail de l’AFNOR, qui a participé à sa construction, répond en vidéo à ces questions.